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Liard du DAUPHINE/CHARLES III DAUPHIN, ET ROI DE FRANCE (CHARLES VII) du trésor de Bazas

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Liard du DAUPHINE/CHARLES III DAUPHIN, ET ROI DE FRANCE (CHARLES VII) du trésor de Bazas Empty Liard du DAUPHINE/CHARLES III DAUPHIN, ET ROI DE FRANCE (CHARLES VII) du trésor de Bazas

Message par Admin Mer 30 Jan - 9:24

Liard du DAUPHINE/CHARLES III DAUPHIN, ET ROI DE FRANCE (CHARLES VII) du trésor de Bazas Captur10
Atelier de Romans, diamètre de 21,2 mm et de poids 1,25g
A/Légende : + kAROLVS* FRAn* REX, (ponctuation par une étoile à six branches).
Traduction : (Charles, roi des Francs).
Description : Croix.
R/Légende : (étoile) DALPhS* VIEnEnSIS, (ponctuation par une étoile à six branches).
Traduction : (Dauphin du Viennois).
Description : Dauphin à gauche sommé d'un lis.

Réf:
PA.4968 - D.2505 - Trésor de Bazas.163.

Avant propos de Françoise BERTHELOT-VINCHON, Expert près la Cour d’Appel et les Tribunaux, Assesseur de la Commission de Conciliation et d’expertise douanière

"En 2004 une équipe de maçons entreprend la rénovation d’une vieille demeure qui s’élève dans le bourg nommé BAZAS situé à une soixantaine de kilomètres de Bordeaux.

Bazas, cité gasconne prospère au sud des vignobles bordelais de Sauternes et de Graves et au nord de l’immense forêt landaise. Bazas conjugue un dynamisme économique avec un riche patrimoine culturel et historique : économique par l’élevage du bœuf de race bazadaise, l’industrie du bois, la production de vin et historique en tant que siège épiscopal, administratif et judiciaire.
Située sur une grande voie de passage, Bazas reste une ville étape. Ses pavés ont été foulés par Richard Cœur de Lion, Henri III d’Angleterre, François Ier, Charles Quint, Charles IX, Louis XIV...Les diligences ont sillonné la route des petites Landes, tronçon du chemin de Saint Jacques de Compostelle parti de Vézelay, devenue la route impériale et un axe primordial liant le nord au sud.
Bazas n’a cessé d’exercer tout au long de son histoire les fonctions de ville commercialement active comme en témoignent ses pittoresques marchés. Charles VIII rétablit à Bazas les marchés hebdomadaires le samedi et les foires bisannuelles.

Le lieu de la trouvaille se situe dans un mur de pierre au premier étage d’une imposante maison largement remaniée au cours des siècles dont la façade semble appartenir au XVIIe siècle.
Souhaitant restructurer l’ensemble du bâtiment, le maître d’œuvre décide d’abattre quelques murs. Un coup de pioche dans une paroi fait apparaître une sorte de cavité formant une cachette. De cette niche aménagée pour recevoir ce dépôt monétaire, deux pots sont exhumés : l’un en terre vernissée verte et l’autre en terre cuite grisâtre (n°311). Le premier vase contient 157 monnaies d’or et l’autre contient le monnayage d’argent. En grattant les gravas, des petites pièces de billon appelées « pièces noires » et éparpillées en vrac autour des deux pots sont mises au jour. En tout, très exactement 1010 monnaies sont révélées.

Dans l’histoire de Bazas, l’époque qui nous préoccupe se situe entre 1360 date de l’émission du « franc à cheval » de Jean II le Bon, la plus ancienne monnaie du trésor et 1483, année de l’avènement de Charles VIII et date de la monnaie la plus récente et la plus proche de la date de l’enfouissement.
Cette période concerne les rois de France Jean II le Bon, Charles V le Sage, Charles VI le Fou, Charles VII, Louis XI et Charles VIII.
Les origines européennes des monnaies composant le Trésor de Bazas sont l’Aquitaine, le Béarn, la Bretagne et la Grande Bretagne, la Provence et le Dauphiné, l’Italie, l’Espagne et le Portugal.
La période concernée et les origines des monnaies nous indiquent les circuits commerciaux, les voies d’échanges, les voyages, la durée de circulation.

Le propriétaire de cette demeure qui a caché son « magot » pour le soustraire à la convoitise des voleurs est probablement mort par accident, de maladie ou assassiné avant d’avoir pu le récupérer ou d’avoir informé un parent ou un ami de l’endroit où il se trouvait. Il s’agissait vraisemblablement d’un notable faisant le commerce d’une denrée fort appréciée en Europe tel que le vin, ou d’un grand voyageur ou encore d’un ecclésiastique. Le mystère reste entier.

Le trésor a donc été remis dans son intégralité à Michel Amandry, Directeur du département des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque Nationale de France. L’inventaire détaillé a été assuré par Michel Dhénin, Conservateur général du département des Monnaies, Médailles et Antiques de la Bibliothèque Nationale de France et Dominique Gerin, Conservatrice en chef de ce même cabinet a été chargée de la photographie. Nous souhaitons leur exprimer nos vifs et sincères remerciements pour nous avoir permis de travailler en étroite collaboration dans la réalisation de ce travail minutieux. Par ailleurs et ultérieurement à sa dispersion, ce trésor fera l’objet d’une publication scientifique extrêmement détaillée par leurs soins.
L’étude scientifique scrupuleuse de l’intégralité d’un trésor est capitale. Elle renseigne sur le propriétaire qui vivait dans cette maison, sur ses habitudes mais aussi sur la circulation monétaire à une époque précise. Elle permet de comprendre la vie économique de nos ancêtres. L’étude d’un trésor c’est aussi un des passe-temps les plus riches et les plus excitants pour l’esprit et l’imagination.
Ce n’est que du métal mais il est animé d’une vie secrète.
L’étude approfondie nous en dira davantage. Mais après une première analyse des monnaies qui composent cette découverte, on dénombre :

Pour le royaume de France : 84 monnaies d’or et 13 monnaies d’argent et billon
Pour le duché d’Aquitaine : 4 monnaies en or et 473 monnaies d’argent et billon
Pour la péninsule ibérique : 11 monnaies d’or et 121 monnaies d’argent
Pour le Dauphiné : pas d’or et 83 monnaies de billon
Pour l’Italie (Naples, Bologne, Milan, Venise) : 4 pièces d’or et 80 d’argent
Pour les Pays Bas (Flandre, Brabant, Hainaut, Utrecht) : 33 monnaies d’or et 3 d’argent
Le Béarn est représenté par 1 monnaie d’or et 33 monnaies d’argent
Le duché de Bretagne par 30 pièces d’argent
Pour l’Angleterre on a 19 monnaies d’or et 3 monnaies d’argent
Pour la Provence : 10 monnaies d’argent
Le Comté d’Évreux : 4 monnaies d’argent
La Bourgogne 1 seule monnaie d’or

Toutes les monnaies d’or ainsi que les monnaies d’argent, les plus rares ou les plus belles sont vendues individuellement. Les monnaies d’argent et de billon plus courantes sont regroupées en lots par royaume, Duché, Comté.... - toutes les monnaies photographiées sont reproduites en grandeur réelle et en couleurs.
Précisons que ces monnaies sont restées « dans leur jus ». Elles n’ont absolument pas été nettoyées - certaines sont légèrement cabossées et peuvent être redressées aisément. Les plus anciennes ne sont pas d’une grande fraîcheur par contre les exemplaires frappés vers la fin du XVe sont en meilleur état de conservation.
Les deux pots ayant contenu le trésor sont décrits sous le numéro 311 et sont vendus en fin de vacation.

La première monnaie de cette vacation mais la plus ancienne monnaie de ce trésor appartient au système monétaire français. Il s’agit de la première appellation du Franc d’or représentant le roi Jean II le Bon à cheval. Elle fut frappée en 1360 pour payer la rançon du roi prisonnier en Angleterre.
Parmi les 83 monnaies royales en or qui suivent, on remarquera l’abondance des monnaies de Charles VII soit 14 « Royal d’or », 29 écus dit écus vieux, 1 écu ancien et deux demi-écus et aussi 18 écus d’or de Louis XI mais un seul écu de Charles VIII. Il semblerait que le notable soit mort au début de règne de ce monarque.

À côté des rois, un certain nombre de seigneurs, ducs, comtes ont fait battre monnaie. Ce droit de battre monnaie n’appartenait pas à tous les seigneurs, il résultait de la coutume. L’ordonnance de 1315 établit les conditions de poids et de titre. Chacune des monnaies féodales devait être frappée dans le respect de la tradition. Il était interdit de s’écarter des règles.
Ce fut l’origine des monnaies féodales largement illustrées ici par les nombreuses émissions d’Aquitaine, celles du Béarn avec Gaston de Foix et Catherine, de Bretagne, du duché de Bourgogne, du comté de Provence, celle du comte d’Évreux et roi de Navarre, Charles le Mauvais... Institué par voie de délégation, ce monnayage se justifie à une époque où les barons détenaient une part de la souveraineté. Mais la véritable raison d’existence de ces monnaies est d’alimenter le commerce des foires locales comme en témoigne la composition de ce trésor.

Parmi le monnayage des pays voisins : Angleterre, Espagne, Portugal, Italie, on notera quelques raretés dont certaines connues à quelques exemplaires seulement et plus particulièrement deux monnaies présentant un grand intérêt historique et numismatique.
Ces deux émissions sont dues au roi de Castille et Léon, Enrique IV (1454-1474) :
Un « enrique » d’or de l’atelier de Ségovie qui semble n’avoir jamais été édité. Le roi est représenté assis sur un trône bas alors qu’habituellement il est assis sur un trône gothique à pinacles.
Le rarissime « castellano » de ce même monarque sortant de l’atelier de Cuenca dont un autre exemplaire a été révélé par la trouvaille de Murcia en 1993.

Nous vous invitons à venir participer à ANGOULÊME à la dispersion du TRÉSOR DE BAZAS et à assister activement à cette rare manifestation d’un grand intérêt artistique et historique. L’acquisition d’une monnaie ou d’un ensemble de monnaies provenant de ce trésor doit être chargée d’une grande émotion. Ces documents permettent de mieux comprendre la réelle influence du commerce, des guerres, des conquêtes des différents territoires européens.
Certes, « les monnaies sont plates... pour qu’on puisse les entasser ». Cette boutade reviendrait à Balzac, auteur d’Eugénie Grandet dont l’existence a été perturbée par des ennuis d’argent...Mais les numismates y découvrent leurs secrets et tirent d’une active contemplation des signes, symboles et portraits, une véritable connaissance de l’Histoire.
Et à La Bruyère de dire en parlant des espèces sonnantes et trébuchantes : elles sont
« Les preuves parlantes de certains faits, des monuments fixes et indubitables de l’ancienne histoire »."

Avant propos de Michel DHENIN, Conservateur général du département des Monnaies Médailles et Antiques de la Bibliothèque Nationale de France

"Le trésor monétaire présenté ici à la vente a été découvert au début de l’année 2004 dans la ville de Bazas au cours de travaux de réfection d’une maison par le propriétaire de celle-ci. Dans une cachette aménagée à l’étage dans un mur de pierre se trouvaient deux pots de terre cuite, de forme et de fabrication différente (l’un est de terre grise brute, l’autre de terre blanche vernissée vert) ; ces deux pots contenaient des monnaies d’or et d’argent ; un grand nombre de monnaies de billon (alliage argent-cuivre) étaient déposées dans cette même cache, sans contenant.

Cette composition réunissant dans une même cachette des espèces frappées dans les trois seuls métaux monétaires utilisés à l’époque est peu fréquente : on a le plus souvent des trésors constitués uniquement ou de monnaies d’or, ou de monnaies d’argent, ou de monnaies de billon, quelquefois des trésors comprenant à la fois des espèces d’or et d’argent, ou des espèces d’argent et de billon. La répartition des monnaies du trésor de Bazas est d’ailleurs révélatrice : aux deux pots contenant les pièces d’or et d’argent ont été ajoutées en vrac les espèces de billon. On pourrait logiquement parler de deux trésors : un trésor de thésaurisation dissimulé en permanence auquel aurait été adjoint précipitamment un trésor de circulation, constitué des petites espèces utilisées quotidiennement, habituellement placé dans un endroit plus facilement accessible.
Toutes les monnaies de billon (60% du trésor) sont des monnaies locales : essentiellement des hardis d’Aquitaine : du Prince-Noir (1362/1372), des rois d’Angleterre Richard II (1377/1399), Henri IV (1399/1413), Henri V (1413/1422) et Henri VI (1422/1453), ainsi que de Charles de France (1469/1472) et du roi de France Louis XI (1461/1483). La très grande majorité de ces hardis ont été frappés sous les règnes des rois Henri. Il y a aussi quelques liards au dauphin du roi-dauphin Charles VII (1422/1440) et du roi Louis XI (1461/1483) ; cette espèce avait la même valeur de trois deniers que le hardi. Les deniers de Béarn de Jean Ier (1412/1436) et de Gaston de Grailly (1436/1472) sont frappés à Morlaas et représentent le seul autre monnayage du sud-ouest de la France à cette période. La monnaie de billon la plus récente est un hardi de Louis XI de la seconde émission (1478/1483).

Les monnaies d’argent constituent le quart (25%) de l’ensemble. Elles sont de provenances beaucoup plus variées : la seule monnaie d’argent que l’on peut qualifier de locale est le grand blanc du Béarn, de Gaston de Grailly (1436/1472). En étant un peu large, on peut y ajouter les trois monnaies de Louis XI, toutes du Languedoc (Montpellier et Perpignan) et les quatre sols coronats du comté d’Evreux : ils ont été frappés par Charles le Mauvais (1343/1378), également roi de Navarre, et ont circulé dans ce royaume. Les dix monnaies de Provence, de Jeanne (1343/1382) et Louis II (1384/1417), sont déjà plus lointaines. Les autres monnaies féodales sont vingt-sept gros et trois demi-gros de Bretagne émis sous Jean V (1399/1442) et surtout François II (1458/1488), retrouvés bien loin de leur province. Les monnaies d’argent étrangères viennent de la péninsule ibérique, d’Italie et pour quelques-unes unes de régions plus septentrionales : quatre-vingt-treize du royaume de Castille, du règne d’Henri IV (1454/1474), sept de celui d’Aragon des rois Martin Ier (1396/1410), Alphonse IV (1416/1458), Henri IV de Castille (1462/1484) et Pierre du Portugal (1464/1466), vingt et une du royaume du Portugal, toutes du règne d’Alphonse V (1438/1481). Proviennent d’Italie soixante grossone et grossi de Bologne, dix monnaies de Milan, toutes de Galeazzo Maria Sforza (1466/1476), cinq des Etats du Pape : un grossone de Bologne anonyme, deux carlins d’Avignon de Martin V (1417/1431) et Sixte IV (1471/1484), deux tiers de gros d’Ancone de Paul II (1464/1471), et quatre monnaies de Sicile, des rois Frédéric IV (1355/1377) et Jean II (1458/1479). De bien plus au nord sont venus trois gros anglais, émis sous Henri VI (1422/1461), tous d’ailleurs de l’atelier continental de Calais, trois pièces des Pays-Bas : un double-patard de Flandre de Charles le Téméraire (1467/1477) et deux doubles-briquets de Marie de Bourgogne (1477/1482), l’un de Flandre, l’autre de Brabant. Les monnaies les plus récentes sont les gros de roi de Perpignan de Louis XI qui peuvent être datés soit de 1464/1473, soit de 1478/1483 et les doubles-briquets de Marie de Bourgogne, qui portent tous deux le millésime 1478 (ce sont les deux seules monnaies du trésor portant une date).

Les monnaies d’or sont au nombre de cent-cinquante-sept (15% de l’ensemble). Seules peuvent être considérées comme locales les quatre monnaies d’Aquitaine : un léopard d’or d’Edouard III (1327/1362), et trois pavillons d’or du Prince Noir (1362/1372), l’écu de Béarn de Catherine (1483/1484) et les quelques monnaies des rois de France émises par les ateliers de la région. Les monnaies royales françaises représentent plus de la moitié des pièces d’or ; elles couvrent les règnes de Jean le Bon (1350/1364), Charles VI (1380/1422), Henri VI (1422/1453), Charles VII (1422/1461), Louis XI (1461/1483) et Charles VIII (1483/1498), mais sans aucune dominante locale marquée : il y a bien trois monnaies de Bordeaux, six de La Rochelle, et six de Toulouse, mais les ateliers les plus abondamment représentés sont Saint-Lô et Tournai (avec huit pièces). Le contingent de monnaies d’or étrangères a la même physionomie que celui des monnaies d’argent : on y trouve des pièces de la péninsule ibérique : deux d’Aragon (Alphonse IV, 1416/1458), cinq de Castille (Henri IV, 1454/1474), deux du royaume d’Espagne (Ferdinand et Isabelle, 1469/1504), et deux du Portugal (Alphonse V, 1438/1481, et Jean II, 1481/1495), des pièces d’Italie : une de Naples (Alphonse IV d’Aragon, 1442/1458), une de Sicile (Jean II (1458/1479), et deux de Venise (Francesco Foscari, 1423/1457 et Andreas Vendramin, 1476/1478), des monnaies des Pays-Bas : un cavalier d’or de Philippe le Bon (1430/1467) du comté de Bourgogne, huit lions d’or de Flandre, trois de Brabant, et un de Hainaut, de Philippe le Bon également, et vint et un florins d’Utrecht, de l’évêque David de Bourgogne (1456/1496), enfin dix-neuf monnaies anglaises, d’Henri V (1413/1422), Henri VI (1422/1461), Edouard IV (1461/1470 et 1471/1483), et Richard III (1483/1485). Les monnaies d’or les plus récentes sont l’écu de Béarn de Catherine (1483/1484), l’écu au soleil de Charles VIII (1483/1494) et l’angelot de Richard III (1483/1485).

L’abandon de ce trésor se situe donc après 1483 ; ce terminus post quem nous est fourni par les monnaies d’or : deux d’entre elles ont été émises non très loin de Bazas : à Morlaas pour l’écu de Béarn de Catherine et à Poitiers pour l’écu de Charles VIII (après le 11 septembre). Cependant la troisième vient de plus loin : l’angelot de Richard III d’Angleterre a été frappé à Londres entre 1483 et 1485. Le terminus ante quem est toujours plus délicat à définir, puisqu’il repose sur l’absence de monnaies que l’on pourrait s’attendre à trouver si le trésor avait été abandonné après une certaine date : l’absence des excellentes de Ferdinand et Isabelle (1497), de l’écu au soleil de la deuxième émission de Charles VIII (1494) ou de monnaies d’argent d’Anne de Bretagne (1488) nous laissent trop loin : on retiendra plutôt l’absence de cruzades portugaises postérieures à 1485, de monnaies d’or d’Henri VII d’Angleterre (1485) ou de pièces d’argent du Pape Innocent VIII (1484). On notera également l’absence de tout hardi de Charles VIII, pourtant émis à partir de 1483, et de toute pièce des Pays-Bas de Philippe le Beau (1482), même si le monnayage a continué au nom de Marie jusqu’en 1485 dans certaines provinces. Ces indices nous incitent à ne pas repousser très loin au-delà de 1483 le terminus ante quem : 1486 nous semble encore possible. La Chronique de Bazas (Archives historiques de la Gironde, XV) qu’a dépouillée pour nous M. J.-B. Marquette, des « Amis du Bazadais », ne mentionne aucun événement tragique susceptible d’avoir provoqué un enfouissement précipité. Tout au plus est-il mentionné qu’en 1486 « le captal de Buch ayant résolu de mettre cent hommes du seigneur de Taillebourg pour servir de garnison à la ville, les Bazadais réunirent une troupe de cent hommes armés auxquels cette charge fut confiée ». L’époque est au repeuplement et à la reconstruction : le 26 décembre 1485, on décide la construction d’un marché ; le clocher de la cathédrale est achevé à la fin du XVe s.

On peut donc supposer que la cause de l’abandon dans sa cachette du trésor de Bazas est d’ordre privé, due à un accident, une maladie (mais aucune épidémie n’est signalée à cette époque), voire à un crime. Il est certain que son propriétaire jouissait d’une fortune assez importante pour pouvoir thésauriser tant de monnaies d’or et d’argent. La composition de cet ensemble suscite quelques réflexions sur les sources de sa fortune. Les monnaies de billon ne nous révèlent rien : elles ont été prélevées dans la circulation locale et elles y seraient certainement retournées rapidement sans la disparition de leur propriétaire. Les monnaies d’argent sont plus révélatrices : les monnaies locales, même en prenant ce mot au sens large, sont peu nombreuses. Le plus grand nombre de ces pièces d’argent proviennent d’Espagne, du royaume de Castille et du Portugal essentiellement ; ce sont d’assez petites espèces, mais il n’en existait pas de plus importantes en ce métal. Les monnaies d’argent provenant d’Italie sont en grand nombre également ; il y a parmi elles des monnaies lourdes : grossone de Bologne et testons de Milan. Le trésor de Bazas est sans doute le trésor découvert en France le plus ancien à contenir des testons, tous du créateur de cette nouvelle espèce qui ne sera émise en France qu’à partir de 1514. Le nombre de monnaies de Bologne, ville qui n’est pas un port, ne peut s’expliquer que par des relations particulières entre notre propriétaire et des habitants de cette ville. Les quelques pièces d’argent étrangères venues du nord ne sont pas très évocatrices. Mais les trente monnaies bretonnes le sont davantage : on sait qu’à cette époque la navigation commerciale de l’Aquitaine était dominée par les navires bretons, qui assuraient aussi-bien les transports vers l’Angleterre ou les Pays-Bas, que vers l’Espagne. Les monnaies d’or françaises ne nous donnent pas de renseignements précis : leur répartition est très vaste et homogène. Les quelques pièces d’or de la péninsule ibérique sont à rapprocher des pièces d’argent de même origine. On ne peut en dire autant des pièces italiennes d’or : contrairement à celles d’argent, elles sont du sud et de villes portuaires : Naples, Sicile et Venise ; le sequin était le véritable dollar de l’époque. Les monnaies venues du nord (Angleterre et Pays-Bas) sont nombreuses et témoignent d’une activité économique avec ces régions : en particulier sans doute avec Utrecht, dont vingt et un florins au saint Martin ont été thésaurisés, ce qui peut sembler surprenant, cette espèce n’ayant pas la réputation d’être de très bon aloi.
Bazas était une ville au rôle régional très important : rôle religieux, Bazas était le siège d’un évêché ; rôle militaire: la ville était fortifiée, elle se dota elle-même d’une garnison de cent hommes ; rôle économique : place de marché majeure, elle semble gérer avec décision son développement, en construisant un nouveau marché (1485). La région exploitait ses vignobles bien-entendu, mais aussi déjà le bois : des italiens installés à Bordeaux exportaient de la résine, et de la térébenthine. Et c’est précisément à cette période, à partir de 1475, que la culture du pastel s’implanta et devint une source d’enrichissement rapide pour la région. Le propriétaire de ce trésor avait sans doute participé à l’essor de sa cité en commerçant avec une grande partie de l’Europe : Pays-Bas, Angleterre, Espagne et Portugal, Italie."

Le sommaire de ce trésor est:
MONNAIES D’OR

Royaume de France : n°1 à 84 inclus


JEAN II LE BON (1350-1483)
CHARLES VI (1380-1422)
HENRI VI (1422-1453)
CHARLES VII (1422-1461)
LOUIS XI (1461-1483)
CHALRES VIII (1483-1498)

Duché d’Aquitaine : n°85 à 88

EDOUARD III (1327-1362)
EDOUARD IV (1362-1372)

Seigneurie de Béarn : n°89

CATHERINE DE FOIX (1483-1484)


Royaume d’Angleterre : n°90 à 108 inclus

HENRI V (1413-1422)
HENRI VI (1422-1461)
EDOUARD IV 1er règne (1461-1470)
EDOUARD IV 2d règne (1471-1483)
RICHARD III (1483-1485)

Royaume d’Aragon : n°109-110

MARTIN (1396-1410)
HENRI DE CASTILLE (1462-1464)

Royaume de Castille et Léon : n°111 à 115 inclus

HENRI IV (1454-1474)
ALPHONSE D’AVILA (1453-1468)

Royaume d’Espagne : n°116 et 117

FERDINAND & ISABELLE (1469-1504)

Royaume du Portugal : n°118 et 119

ALPHONSE V (1438-1481)
JEAN II (1481-1495)

Royaume de Naples : n°120

ALPHONSE Ier (IV d’Aragon) (1442-1458)

Royaume de Sicile : n°121

JEAN II (1458-1479)

République de Venise : n°122 et 123

FRANCESCO FOSCARI (1423-1457)
ANDREAS VENDRAMIN (1476-1478)

Comté de Bourgogne : n°124

PHILIPPE III LE BON (1419-1467)

Comté de Flandre : n°125 à 132

PHILIPPE III LE BON (1419-1467)

Duché de Brabant : n°133 à 135

PHILIPPE III LE BON (1419-1467)

Comté de Hainaut : n°136

PHILIPPE III LE BON (1419-1467)

Evéché d’Utrecht n°137 à 157

DAVID DE BOURGOGNE (1455-1496)


MONNAIES D’ARGENT et DE BILLON

Royaume de France : n°158 à 162

LOUIS XI (1461-1483)

Dauphin de Viennois : n°163 à 168

CHARLES dauphin (Charles VII de France) (1417-1422)

Duché d’Aquitaine : n°169 à 181

EDOUARD IV (1455-1496)
HENRI II, III, IV (1399-1452)
CHARLES DE France (1469-1472)
RICHARD II, HENRI II, III, IV

Seigneurie de Béarn : n°182 à 195

JEAN DE GRAILLY (1412-1436)
GASTON DE GRAILLY (1436-1472)

Duché de Bretagne : n°196 à 204

JEAN V (1399-1442)
FRANCOIS II (1458-1488)

Comté d’Evreux : n°205 à 207

CHARLES LE MAUVAIS (1343-1378)

Royaume de Provence : n° 208 et 209

JEANNE DE NAPLES (1343-1382)
JEANNE ET LOUIS DE TARENTE (1384-1417)

Royaume d’Angleterre : n°210 et 211

HENRI VI (1422-1461)

Royaume d’Aragon : n°212 à 216

ALPHONSE IV (1416-1458)
HENRI IV DE CASTILLE (1462-1464)
PIERRE DU Portugal (1464-1466)
MARTIN Ier et ALPHONSE IV(1396-1410 et 1416-1458)

Royaume de Castille : n°217 à 265

HENRI IV (1454-1464)

Royaume du Portugal : n°266 à 274

ALPHONSE V (1438-1481)

Viille de Bologne : n°275 à 296

GIOVANNI II BENTIVOGLIO (1463-1506)
ANONYMES DE LA REPUBLIQUE (Xve siècle)
ETATS D’EGLISE - ANONYMES DES PAPES
MARTIN V et PAUL II (1417-1431 et 1464-1471)
SIXTE IV (1471-1484)

Duché de Milan : n°297 à 306

GALEAZZO MARIA SFORZA (1466-1476)

Royaume de Sicile : n°307

FREDERIC IV et JEAN II (1355-1377 et 1458-1479)

Comté de Flandre : n°308 et 309

CHARLES LE TEMERAIRE (1467-1477)
MARIE DE BOURGOGNE (1477-1482)

Duché de Brabant : n°310

MARIE DE BOURGOGNE (1477-1482)

Archéologie : n°311.
Cette vente du trésor de BAZAS, faite le 29 octobre 2005 à rapporté la somme de 346540 euros.



Historique :
Charles VII (1403-1461) n'est devenu dauphin qu'en 1417 après la mort de ses frères Louis (1397-1415) et Jean (1398-1417). Charles VI avait été roi-dauphin de 1380 à 1409. Louis devint Dauphin en 1409, puis son frère Jean en 1415, enfin Charles en 1417. Il allait rester dauphin jusqu'en 1422, date de la mort de son père Charles VI, puis jusqu'en 1440, date à laquelle il passa le titre à son fils Louis (1423-1483).
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